Le FC Laval rafle un deuxième championnat qui fait contraste avec son premier
Une chronique par Marc Tougas
@MarcTheSparc
En s’assurant du championnat de la saison 2024 de la Ligue1 Québec masculine le 18 août dernier, le FC Laval a réalisé le tour de force de remporter un deuxième titre en trois ans avec deux effectifs complètement différents.
Parmi les membres de la formation actuelle, seuls Anis Kardoussi et Ryan Moteng faisaient partie de l’équipe en 2022, lorsque le FC Laval avait remporté le championnat pour la deuxième fois. À cette époque, l’équipe était principalement composée de joueurs âgés de 20 ans ou moins.
Même l’entraîneur-chef n’est plus le même, alors que Mario Kancel a succédé l’automne dernier à Boubacar Coulibaly, parti relever un autre défi avec l’AS Blainville.
Se retrouvant à la tête d’une formation composée d’un bon nombre de joueurs n’ayant jamais goûté à la L1QC, mais talentueux puisqu’ils évoluaient et excellaient dans les rangs universitaires, Kancel a su faire de ce groupe un tout qui a vite trouvé ses repères au sein du projet de jeu qu’il voulait instaurer, axé sur la possession du ballon.
À la suite d’un 0-0 rassurant en match d’ouverture de saison contre le CS Saint-Laurent, champion 2023 en titre, le FC Laval a enchaîné avec deux victoires, puis n’a signé qu’un seul gain à ses quatre sorties suivantes, s’inclinant notamment 4-0 contre le CS Saint-Hubert.
Puis a suivi une victoire de 4-3 à Beauport, décrochée après avoir effacé un déficit au score de 2-0. Ce gain allait s’avérer le premier d’une série de six triomphes de suite, et le premier d’un total de huit victoires en neuf sorties. Si bien qu’après un premier mois de championnat où le classement était extrêmement serré entre les quatre ou cinq premières équipes au tableau, le FC Laval s’est alors détaché pour se doter d’une avance confortable au premier rang. Puis, après une défaite de 2-0 contre le CF Montréal, le 3 août, le FC Laval a officiellement décroché le titre en vertu d’une victoire de 1-0 contre le CS Mont-Royal Outremont, le 18 août, se retrouvant alors avec un fiche de 12-3-3 à son 18e match d’un championnat qui en compte 20.
« Ce match contre le CSMRO, on l’a gagné sur un coup de pied arrêté, ce n’est pas le match le plus facile qu’on ait gagné », a indiqué Kancel, qui a tenu à souligner la qualité du niveau de jeu d’une grande majorité des équipes de la L1QC, et aussi du niveau de performance des arbitres en 2024.
« C’est ce qui fait que le niveau de notre équipe n’a pas cessé d’augmenter. Durant tous les matchs, on a vraiment eu l’impression qu’il fallait aller à la guerre parce que les équipes avaient vraiment un niveau impressionnant », a déclaré celui qui avait auparavant été entraîneur d’équipes de jeunes au FC Laval, en plus d’avoir été directeur technique pour la Fédération de la Guadeloupe. « Le niveau du championnat nous a permis d’élever notre niveau et de comprendre plus rapidement ce qu’il fallait faire pour qu’on se familiarise avec notre projet de jeu. »
Place à une nouvelle ère
Que le FC Laval ait réussi à s’élever ainsi au-dessus du lot relève d’autant plus de l’exploit que l’équipe a dû, à toutes fins utiles, recommencer à zéro. Un travail de reconstruction qui, dans les faits, avait pour but de compléter le boulot qu’on avait commencé à faire aux paliers inférieurs du club lavallois à l’hiver 2021-2022, quand Amro Radwan s’est amené comme adjoint au directeur technique de l’époque, Sandro Grande.
« On a commencé à mettre en place un modèle de jeu dans tout le club, la seule exception étant l’équipe semi-pro, qui avait son propre modèle de jeu et qu’on respectait, d’autant plus que ça fonctionnait puisque l’équipe a remporté le championnat (en 2022). Mais (avec le départ de Coulibaly) on s’est dit que c’était le bon moment, que ça nous donnait une opportunité de reconstruire l’équipe semi-pro », a expliqué Radwan qui, entre-temps, est devenu le directeur sportif du FC Laval.
La décision a donc été prise que l’équipe première adopterait désormais un projet de jeu qui serait le même que dans les autres catégories. Cette approche favorisait une plus grande possession du ballon.
« On s’est concentré sur notre style, en cherchant à l’imposer à l’adversaire, où il faut garder le contrôle du ballon peu importe les circonstances, dégager le moins possible », a indiqué Kardoussi.
« Le projet de jeu était lié à une possession du ballon sans partir sur une transition rapide, a quant à lui expliqué Kancel. On voulait être patient, utiliser les espaces que nous laissait l’adversaire. »
Recrutement dans les rangs universitaires
Sauf qu’en attendant la relève – qui s’en vient vite puisque l’équipe réserve du FC Laval a atteint la grande finale de la Ligue réserve de la L1QC cette année – il fallait trouver des joueurs d’âge senior pour occuper les postes de l’équipe première dans l’immédiat. Les joueurs de l’édition 2023 du FC Laval ont eu le choix de rester au club après qu’on leur a expliqué le nouveau projet de jeu, a fait savoir Radwan, mais un bon nombre d’entre eux ont notamment suivi Coulibaly à Blainville. Kancel a dressé le profil type des joueurs désirés en fonction du style de jeu qu’il allait adopter et Radwan s’est affairé à aller chercher des joueurs au profil correspondant. Un bon nombre d’entre eux n’avaient jamais joué en L1QC, mais se distinguaient dans les rangs universitaires.
« On avait déjà une liste de joueurs qu’on avait ciblés, des joueurs avec qui on avait déjà travaillé avant, Sandro et moi, a indiqué Radwan. Il y a notamment un noyau de joueurs issues des Étoiles de l’Est, avec qui on avait travaillé à partir de l’année 2012, qu’on connaissait depuis qu’ils étaient tout jeunes, qu’on a coaché au cégep et dont on a suivi le parcours par la suite. »
Radwan ayant eu la sagesse de compléter son recrutement dès le mois de janvier, sauf quelques embauches de dernière minute, Kancel a vite eu l’occasion de roder son effectif afin d’en faire un tout cohérent.
« Pendant une certaine période de temps, cet hiver, on avait quasiment un match amical par semaine (à onze). Ça nous a beaucoup aidé », a fait savoir Kardoussi, mentionnant aussi le voyage à Beauport, qui a permis aux joueurs de finir de souder les liens entre eux en dehors du terrain et de devenir « une équipe à part entière ».
La capacité et la volonté de communiquer de Kancel y a aussi été pour beaucoup dans les succès de l’équipe, selon Kardoussi, parce que cela a permis de rassurer les joueurs qui se posaient des questions sur certaines décisions prises par les entraîneurs, concernant notamment leur temps d’utilisation, par exemple.
« Mario, c’est vraiment un entraîneur à qui on peut tout dire », a affirmé Kardoussi, expliquant que Kancel n’hésitait pas à prendre le temps qu’il fallait pour s’asseoir avec les joueurs et leur expliquer ses motivations.
Cette approche a d’ailleurs porté ses fruits puisque, comme l’a noté Kardoussi, les joueurs substituts, se sentant valorisés même s’ils n’avaient pas amorcé un match, ont souvent fait la différence en s’amenant du banc.
Kancel renvoie quant à lui l’ascenseur à ses joueurs.
« C’est un groupe qui est ouvert à l’apprentissage. Même champions, ils veulent continuer d’apprendre, ils me disent, coach, il y a encore plein de facettes qu’on n’a pas encore fini de travailler, il faut qu’on continue à le faire. C’est une équipe qui demande, qui a envie, et c’est aussi un groupe qui vit tellement bien ensemble que c’est facile pour eux d’apprendre », a déclaré Kancel.
De retour en Championnat canadien
Et ce n’est qu’un début en termes d’apprentissage puisqu’évidemment, ce championnat de la L1QC signifie que le FC Laval s’est qualifié pour le Championnat canadien 2025. Une compétition qui sera toute nouvelle pour quasiment tous les joueurs de cette année puisqu’ils n’y étaient pas, en avril 2023, quand le FC Laval a affronté le Forge FC, club-phare de la Première ligue canadienne, au Tim Hortons Field à Hamilton en ronde préliminaire du Championnat canadien. Les joueurs lavallois avaient alors subi une défaite de 3-0.
Radwan était toutefois du voyage à Hamilton et il aura retenu les leçons qui s’imposent, tout comme il aura retenu celles du fabuleux parcours du CS Saint-Laurent cette année, ponctué d’une victoire contre les Wanderers de Halifax de la PLC et d’une série aller-retour contre le Toronto FC de la MLS.
« Il s’agit d’être prêt, de ne pas avoir peur et de croire en nos habiletés, a souligné Radwan. De la même façon qu’on a été capable d’aller chercher le championnat (de la L1QC) cette année avec un nouveau groupe, ce qui représentait un travail très difficile mais n’a pas empêché les joueurs d’atteindre cet objectif-là, il nous revient de garder nos standards élevés et de continuer à les rehausser afin de bien figurer (au Championnat canadien). »
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