La formation des jeunes, une affaire de patience

 

Par Marc Tougas | @TougasMarc

 

Ils sont quelques clubs dans la Première ligue de soccer du Québec à miser sur la formation des jeunes. Mais à la lumière d’un résultat comme celui de samedi dernier, quand le CS Monteuil a dominé le CS Longueuil 6-0, il faut se demander si, parfois, les jeunes qu’on essaie de former ne risquent pas d’être « déformés » dans un tel contexte.

Pas évident de tirer les leçons d’un match où on s’est fait taper dessus, moralement parlant, du début à la fin…

Mais tout dépend de l’approche, estime Anthony Rimasson, entraîneur-chef du CS Longueuil, qui a subi une sixième défaite en six rencontres jusqu’ici cette saison. Il faut y aller d’un travail de préparation mentale pour s’assurer que les échecs, même les pires, mènent à quelque chose de positif.

« La formation, ça passe forcément par l’échec, par essai et erreur, a indiqué Rimasson. Et quand tu joues contre des équipes comme Blainville, Monteuil ou Outremont, tu sais que si tu fais une erreur, tu vas la payer ‘cash’ parce que ce sont des équipes qui ont de la maturité, qui ne loupent pas les occasions.

« Et la jeunesse fait que tu as des prises de risque, tu perds toute notion de danger parce que tu es dans le jeu. Il faut simplement préparer les joueurs à ça, en leur disant qu’il va y avoir des phases de match où on va être complètement noyé, qu’on va peut-être aller vers des déroutes…

« Pour les préparer à ça, il faut le faire sur le plan mental et sur le plan des objectifs fixés par l’équipe, a ajouté Rimasson. Nous, on a fixé les objectifs sur les deux années à venir, on sait qu’on ne va pas être très bons, mais on va travailler, on va les amener au plus haut. »

François Bourgeais a vécu un peu la même chose, il y a deux ans, quand le CS Saint-Hubert a décidé de miser sur des jeunes – des très jeunes, même. Le CSSH se débrouille pas trop mal cette année puisqu’il se retrouve au plus fort de la lutte en haut de tableau, à trois points de la tête, mais il fallu s’assurer d’amener les jeunes dans le contexte de la PLSQ de la bonne façon.

C’est ainsi que Bourgeais a fait jouer ses joueurs U-17, en 2017, chez les U-21, question qu’ils s’habituent à affronter des joueurs plus aguerris. Et Bourgeais a lui aussi travaillé énormément sur le mental, en répétant sans cesse à ses joueurs qu’ils allaient passer par des moments d’adversité, mais qu’ils allaient en sortir grandis.

« Tu l’écris, tu le répètes, tu en parles individuellement, tu en parles collectivement, a souligné Bourgeais. Quand ils arrivent tout doucement à réaliser certaines choses dans les défaites, dans les mauvais moments, on essaie d’en tirer du positif. Est-ce qu’on a tenu plus longtemps en termes de possession, est-ce qu’on a mieux défendu que le match précédent ? Est-ce que contre ce genre d’équipe, on est capable de gagner plus de duels ? Est-ce qu’on est capable de prendre moins de buts sur coups de pied arrêtés ? Ç’a été longtemps des questions qu’on s’est posées, à St-Hubert. Qu’on se pose toujours, mais ce sont des questions sur lesquelles les joueurs ont quand même progressé.

« C’est beaucoup de temps passé avec les joueurs, a ajouté Bourgeais. C’est beaucoup de discussion collective et individuelle, c’est beaucoup de passion et c’est aussi la foi de tout un club. C’est-à-dire qu’il n’y a pas que l’entraîneur qui doit penser à ça, il y a vraiment tout le club qui doit imaginer qu’on doit faire quelque chose avec nos jeunes. Et si ça ne vient pas tout de suite, ça viendra dans quelques années, soyons patients. La formation, c’est d’abord ça, de la patience. »

« On ne va peut-être rien gagner cette année, mais l’élan qu’on va avoir pris, il va être prépondérant, a affirmé Rimasson. Et aujourd’hui, le fonctionnement de la PLSQ te permet de travailler dans ce genre de développement. Il y a un championnat à gagner, qui va t’amener vers des matchs du Championnat canadien, mais nous, Longueuil, on n’est pas fait pour ça, on est fait pour autre chose. L’idée, c’est de former ses joueurs, pour que ces joueurs-là aillent jouer en CPL, même un peu plus haut. »

Comme Zorhan Bassong, par exemple, qui a signé un contrat professionnel au Lille Olympique Sporting Club, club de Ligue 1 en France, et a valu au CSL une somme de 42 000 $ en frais de préformation.

En attendant de savoir qui suivra les traces de Bassong, le championnat de la PLSQ masculine se poursuit en fin de semaine, alors que trois des quatre matchs à l’affiche auront lieu samedi.

L’AS Blainville, seul club encore invaincu dans la PLSQ-M avec le CS MRO, rendra visite au FC Lanaudière au Centre Multisports de Terrebonne à 14h. À 17h à Darcy McGee à Gatineau, le FC Gatineau recevra le CS Longueuil à l’occasion d’un duel entre les deux clubs encore sans victoire. Également à 17h, le CS Monteuil recevra le Dynamo de Québec au Centre sportif Bois-de-Boulogne à Laval.

Et dimanche à 18h30, le CS Mont-Royal Outremont accueillera le CS Fabrose au Parc TMR Rec 3.

 

Les opinions des chroniqueurs ne reflètent pas nécessairement celles de la PLSQ et de la FSQ.