Le CS St-Laurent réalise le doublé coupe-championnat… à l’usure
Une chronique par Marc Tougas
En s’imposant 2-0 contre le CS Mont-Royal Outremont en finale de la Coupe Ligue1 Québec masculine, samedi au Complexe sportif Bois-de-Boulogne, le CS Saint-Laurent a posé le pied sur le seuil de l’olympe du soccer professionnel de division 3 québécois, où se trouvent le CSMRO et l’AS Blainville.
Les deux buts de Wesley Wandje, marqués dans le dernier quart d’heure de jeu de la finale, ont permis au CS Saint-Laurent de devenir le troisième club dans l’histoire de la ligue à réaliser le doublé coupe-championnat, après le CSMRO en 2013 et l’ASB en 2017.
« C’est énorme pour nous, a dit l’entraîneur-chef Nick Razzaghi à la suite de la victoire des siens, samedi. Après une saison incroyable, non seulement en termes de résultats mais aussi de statistiques – records pour les buts marqués, le nombre de victoires, ainsi de suite –, de venir compléter tout ça avec cet autre trophée à la fin, je pense que nous méritons qu’on dise qu’on a connu la meilleure saison de l’histoire, et on est très contents de ça.
« Cela dit, Blainville et Outremont, ce sont les deux grandes équipes de la ligue et le fait de partager avec eux ce statut de club qui a réalisé le doublé, c’est encore mieux, c’est vraiment un honneur. Parce qu’eux, ils ont gagné quatre championnats chacun et la Coupe. »
« Ce doublé, ça veut dire qu’on a mis Saint-Laurent sur la carte, a quant à lui souligné Wandje, le capitaine du CS Saint-Laurent. On est maintenant là avec les équipes qui ont écrit l’histoire de la ligue. On est là, mais l’année prochaine, il va falloir qu’on refasse le doublé encore, c’est là qu’on serait vraiment là-haut avec ces deux autres équipes. »
Une victoire à l’usure
Véritable machine à marquer des buts en 2023, le CS Saint-Laurent avait dû se contenter de victoires somme toute modestes de 2-0 contre le CSMRO en route vers le championnat de la Ligue1 Québec. Razzaghi et ses joueurs savaient donc qu’il faudrait livrer un match très maîtrisé pour venir à bout de leurs adversaires en finale de coupe.
C’est ce qu’ils ont fait, disputant leur habituel match rythmé pour avoir les hommes de l’entraîneur Luc Brutus à l’usure.
« On a été vraiment disciplinés avec notre plan de match, a indiqué Wandje. On savait qu’ils allaient être solides défensivement, eux qui n’avaient accordé aucun but dans leurs matchs des trois premières rondes de la coupe. Mais on savait aussi qu’étant plus âgés que nous, ils allaient finir par se fatiguer. Il fallait donc les attirer, changer d’axe de jeu et, finalement, ç’a fini par ouvrir des espaces. »
« Outremont est une équipe très difficile à battre, donc il fallait rester très constant et, plus le match avançait, notre niveau de conditionnement physique a pris le dessus, a noté Razzaghi. On était beaucoup dans leur zone et l’ouverture a fini par arriver. »
En effet, après une première mi-temps qui s’est avérée plutôt une partie d’échecs, le CS Saint-Laurent a fait circuler le ballon sur de plus longues séquences de jeu dans le territoire adverse en deuxième mi-temps, sans toutefois réussir la passe décisive puisque l’effectif du CSMRO pliait sans rompre.
Reste toutefois qu’à force de jouer aussi souvent sans le ballon, la fatigue a fini par se faire sentir, comme en font foi d’ailleurs les deux buts marqués tardivement, à la 80e et à la 86e, chaque fois à la suite de revirements.
Le deuxième but du match, notamment, a permis à Wandje de mettre à exécution un mouvement qu’il avait répété toute la semaine à l’entraînement. Après avoir vu Riad Bey provoquer un revirement au moment où le CSMRO tentait de sortir de son tiers défensif, Obeng Tabi Amponsah s’est emparé du ballon et l’a aussitôt relayé à Wandje dans l’axe, tout juste en dehors de la zone de réparation. Le capitaine a fait un crochet avec le ballon pour se donner de l’espace et il a décoché du pied gauche un tir brossé dans la lucarne.
« Je l’ai pratiqué toute la semaine – contrôle et frappe, contrôle et frappe, contrôle et frappe, a expliqué Wandje. Je me suis fait confiance et ç’a rentré. »
« On est resté dans la bataille contre un groupe qui est très athlétique et qui joue quand même assez vite, a souligné Brutus en résumant le match. Mais contre une équipe comme celle-là, dès qu’on commet des revirements, ça peut coûter cher. Et c’est ce qui est arrivé – deux revirements qui, malheureusement, nous ont coûté cher. »
Un doublé désiré
Toutes les équipes qui sont couronnées championnes de la ligue disent vouloir remporter la coupe par la suite. Mais ce n’est pas toujours évident de reproduire en coupe la même magie qui a opéré pendant le championnat, surtout quand un tel tournoi a lieu après la saison, comme c’est le cas depuis quelques années dans la Ligue1. Pour les joueurs du CS Saint-Laurent, il n’était toutefois pas question qu’il y ait la moindre baisse de régime, ni mentalement, ni physiquement.
« Dès le début de l’année, on avait vraiment à cœur de dominer cette ligue, a indiqué Wandje. Et au début de la coupe, on s’est dit qu’on voulait aller chercher ce trophée pour prouver à tout le monde qu’on a vraiment été dominants toute la saison durant. Maintenant, c’est un fait accompli et on est vraiment fiers de ça. »
Le CS Saint-Laurent a connu un parcours en coupe à l’image de son championnat, alors que les victoires claires se sont succédé : 6-0 contre le CS Longueuil au premier tour, 4-1 contre Blainville en quarts de finale et 4-1 contre le Royal Sélect Beauport en demi-finales. Mais dans l’autre tableau, le CSMRO a fait un parcours tout aussi impeccable, venant à bout du CF Montréal 3-0, du Celtix du Haut-Richelieu 2-0 et du CS Lanaudière-Nord 3-0.
La partie n’était donc pas gagnée d’avance en finale pour Wandje et ses coéquipiers. Brutus était donc déçu de la défaite, et notamment de ne pas avoir vu son équipe réussir à profiter des quelques occasions de but qu’elle a obtenues en première mi-temps et qui auraient pu changer le cours du match. Mais cette déception restait quand même un peu relative.
« On a fini troisième du championnat cette année et ça, c’était plus décevant pour nous que perdre la finale de la coupe », a fait savoir l’entraîneur-chef du CSMRO, en faisant allusion au fait que son équipe ait terminé à quatre points de Beauport, deuxième au classement de la saison régulière, mais surtout à 14 points de Saint-Laurent. « Il va donc falloir ajuster notre groupe et se remettre dans de bonnes conditions pour être capables de gagner l’an prochain. »
Brutus regrette d’avoir vu son équipe performer en deçà des attentes en 2023, offensivement surtout, ce qui fait qu’il a vu les siens être sortis rapidement d’une course au championnat qui aurait pu, et qui aurait dû selon lui, se prolonger jusqu’à la toute fin du calendrier.
« On a été incapables de marquer des buts quand c’était le temps, a dit Brutus de la saison de son club. Ç’a fait en sorte qu’on a perdu des points au classement. On a fait des matchs nuls qui n’auraient jamais dû être des matchs nuls. Si on n’avait pas perdu ces points-là, on aurait été dans la bataille jusqu’à la fin. »
Ce n’est donc que partie remise. Rendez-vous en 2024 !
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Les opinions des chroniqueurs ne reflètent pas nécessairement celles de la Ligue1 Québec et de Soccer Québec.