Une pluie de records et un championnat sans appel pour le CS Saint-Laurent

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Une chronique de Marc Tougas

L’acclimatation à la Ligue1 Québec n’aura duré qu’une saison pour le CS Saint-Laurent, qui aura été dominant à tous les niveaux en route vers le championnat du circuit professionnel québécois de division 3 en 2023, à sa deuxième campagne à ce niveau.

Après y être allés un peu à tâtons en 2022 à leur baptême de feu dans les rangs semi-professionnels – chauffant quand même le FC Laval, éventuel champion, jusqu’à la toute fin –, les entraîneurs et les joueurs du club de l’arrondissement montréalais se sont sentis en parfait contrôle cette année. Ça s’est traduit par un titre remporté à un mois de la fin de la saison régulière, le 10 septembre dernier, grâce à une victoire de 4-3 décrochée contre l’AS Blainville combinée à un match nul de 2-2 du Royal Sélect Beauport contre le Celtix du Haut-Richelieu.

« C’est le jour et la nuit, a lancé l’entraîneur-chef du CS Saint-Laurent Nick Razzaghi après une autre victoire à sens unique des siens, samedi, face à Lanaudière-Nord. L’an passé, il fallait évaluer qui était qui, qui jouait comment, et il a fallu le découvrir au fil des matchs. Là, je savais dès le départ dans quoi on s’embarquait, ç’a complètement changé la perspective des choses.

« L’an passé, on n’avait pas de repères, c’était la première fois qu’on disputait des matchs de ce calibre-là. Et moi, c’était la première année que je coachais dans la ligue. Cette année, on avait nos repères, on a appris nos leçons collectivement. »

Et non seulement la courbe d’apprentissage du CS Saint-Laurent s’est-elle mise à monter rapidement, elle est allée très, très haut. La course au championnat de cette saison 2023 a été serrée durant le premier tiers de la campagne car Beauport est resté dans le coup en remportant ses six premiers matchs pendant que Saint-Laurent s’imposait dans ses sept premiers duels, mais la troupe de Razzaghi a fini par se détacher par la suite et, malgré un bref séjour d’une semaine en deuxième place, n’a plus jamais regardé derrière comme en fait foi son avance de 13 points au classement à l’heure actuelle.

La saison de tous les records

Ça s’est traduit en cours de route par une série de records de la ligue, dont ceux-ci sont déjà dans la poche même s’il reste encore un match à disputer au calendrier régulier : plus grand nombre de points au classement et de victoires en une saison (52 et 17, pour le moment), ainsi que le plus grand nombre de buts marqués en une saison – une marque qui a été pulvérisée puisque le CS Saint-Laurent a déjà inscrit 67 buts, comparativement à l’ancienne marque de 58. L’équipe est d’ailleurs assurée de devenir la première dans l’histoire du circuit à avoir maintenu une moyenne de plus de trois filets par rencontre, elle qui a signé un très grand nombre de victoires à sens unique.

Et ce n’est pas fini : ce samedi à Beauport, le CS Saint-Laurent pourrait établir une nouvelle marque pour la différence de buts et égaler le record au chapitre des blanchissages. Sans oublier que la séquence de sept victoires en début de campagne est également un nouveau record de la ligue.

Bref, les repères en termes d’excellence, ce n’étaient même plus les autres clubs de la Ligue1 Québec, c’était le CS Saint-Laurent par rapport à lui-même. Le vrai test pour les joueurs, jour après jour, il se trouvait davantage dans les entraînements, à s’affronter entre eux, que dans les matchs du championnat, estime le directeur sportif du club, Rocco Placentino.

« Le niveau dans les entraînements était extraordinaire, a indiqué l’ancien joueur de l’Impact de Montréal (devenu CF Montréal). Le niveau d’intensité, la qualité du jeu étaient extrêmement élevés, ce qui fait que je trouve que les matchs, pour nous, c’était du gâteau. »

À ce niveau, c’est non seulement le talent, mais aussi le niveau d’assurance et de détermination qui a fait la différence. Là aussi, les leçons de la saison 2022 ont été retenues.

« Je l’ai vu dans les yeux des joueurs dès le premier match de la saison, a affirmé Mateo Cabanettes, directeur général de l’équipe du CS Saint-Laurent dans la Ligue1 Québec. Je les ai vu célébrer après chaque victoire, mais ils ne célébraient pas comme l’an dernier, quand chaque match remporté était comme une fête. Cette année, l’attitude, c’était plutôt, ‘on a gagné, on a les trois points, mais on passe au suivant’. À chaque match c’était comme ça. »

Une fête avant de penser au Championnat canadien

Le match de samedi dernier contre Lanaudière-Nord n’avait aucun impact réel sur le classement, mais il avait un cachet spécial puisque c’est à ce moment-là que l’organisation a officiellement fêté son titre, profitant du fait qu’on avait réservé ce moment pour lui présenter formellement le trophée de championnat.

Après leur victoire de 5-1 au Centre sportif de Saint-Laurent, le capitaine Wesley Wandje et ses coéquipiers sont allés saluer tout spécialement les membres du Commando orange, les ultras du club, au bout des gradins. Puis, ils se sont rassemblés de l’autre côté du terrain, où on leur a remis le trophée de championnat, qu’ils ont soulevé en triomphe, puis qu’ils ont mis sur une table afin de se faire prendre en photo individuellement avec l’énorme coupe en compagnie de proches et de membre de leurs familles respectives. Il y a eu des chants et même un slam dédié à l’équipe, il y a eu la traditionnelle chanson de Queen, We Are The Champions, il y a eu le discours du capitaine, tout cela devant et parmi les spectateurs qu’on avait invités à descendre sur le terrain pour participer à la célébration.

On a donc fêté ce premier championnat professionnel de division 3 dans l’histoire du club, mais aussi sa première participation au Championnat canadien, qui suivra le printemps prochain. Ce sera au tour des joueurs du CS Saint-Laurent de représenter le Québec semi-professionnel et de se mesurer à une équipe de calibre supérieur, fort probablement de la Première ligue canadienne comme ç’a été le cas ces dernières années pour le FC Laval et, avant cela, l’AS Blainville ainsi que le CS Mont-Royal Outremont.

Le CS Saint-Laurent tentera alors de devenir la première équipe dans l’histoire du circuit québécois à l’emporter contre une équipe de la PLC, l’ASB étant la seule formation à avoir remporté une série du premier tour du Championnat canadien, contre une équipe de la League1 Ontario toutefois.

« Je le sais pour avoir participé au match des étoiles de la Ligue1 contre le CF Montréal, ce genre de matchs contre des équipes de niveau supérieur sont vraiment très difficiles sur le terrain, beaucoup plus qu’ils n’en ont l’air à la télé, a affirmé Wandje. Il va falloir passer par une lente et très longue période de préparation afin de pouvoir bien représenter Saint-Laurent et le Québec. Il va falloir être prêts plus tôt dans la saison. Mais on devra aussi chercher à se faire plaisir, y aller avec nos qualités et jouer comme on sait jouer. Il va falloir se concentrer sur le processus et après, le résultat sera le résultat. »

Les opinions des chroniqueurs ne reflètent pas nécessairement celles de la Ligue1 Québec et de Soccer Québec.